mardi 12 mai 2009

La concurrence

En tant qu'objet économique, la concurrence peut renvoyer à deux dimensions : la concurrence des producteurs et la concurrence des capitaux. On doit cette dichotomie aux théoriciens de l'économie industrielle (Joe Bain, Jean Tirole). Selon eux, la concurrence des producteurs désigne des affrontements entre les entreprises qui fabriquent des marchandises ou des services identiques et qui s'affrontent pour accroître leurs parts de marché. Dans le cadre de cette concurrence, les outils utilisés sont la fixation des prix, la détermination des quantités produites, la différenciation des produits (packaging, images, marques, etc.) ou la caractérisation de leur qualité. En revanche, la concurrence des capitaux désignent les affrontements d'entreprises en changeant de branche d'activités, en se diversifiant ou en se repositionnant sur les secteurs qu'elles maîtrisent le mieux. A ces deux types de concurrence, correspond deux types de marchés. Par conséquent, le marché ou la concurrence n'existe pas de manière unique ou homogène, il faut donc en parler au pluriel ou bien la rattacher à une dimension précise.

Une entreprise se trouve avoir affaire à deux mondes différents : le monde du produit ou du service (avec ses parts de marché, ses prix, ses quantités, sa qualité) et le monde du capital (avec ses financements, ses déplacements de capitaux, ses stratégies financières). De ces deux univers, il découle deux types de concurrence : une concurrence intrabranche où un seul marché est concerné étant donné que l'opposition entre les entreprises se fait sur un même produit et une concurrence interbranche où un ensemble de marchés est concerné puisque elle repose sur les flux de capitaux et d'investissement entre des acticités différentes.

La concurrence intrabranche passe par deux domaines : le domaine des marchés et des produits/services et le domaine des conditions de production. Pour établir sa stratégie, une entreprise doit tout d'abord se référer à son marché et ce afin d'identifier les lieux de vente, réduire ses prix et diversifier son produit pour prendre de nouvelles parts de marché. Mais elle doit aussi réfléchir aux conditions de production : essayer d'améliorer la qualité de son produit, tenter de réduire ses coûts de fabrication et aller vers une augmentation de sa production pour réduire les coûts.

La concurrence interbranche passe également par deux domaines : le domaine touchant les conditions d'entrée et un domaine touchant les conditions de sortie. Loin de la conception classique posant les entreprises dans une logique de concurrence pure et parfaite, les théoriciens de l'économie industrielle parte de l'idée d'une concurrence imparfaite : les entreprises n'ont pas d'information parfaite des conditions du marché et peuvent l'influencer. Comme elles sont des acteurs qui défendent des intérêts et qui s'opposent les uns aux autres, elles mettent en place des barrières qui viennent gêner la concurrence. Ainsi une entreprise qui souhaite se mouvoir entre différentes branches pour augmenter son profit ou pour limiter ses pertes va se trouver confronter à des obstacles qui vont compliquer sa mobilité. D'une part, elle va se confronter à des barrières à l'entrée, barrières qui peuvent être juridiques (brevets, licences, franchises, etc.), de « savoir-faire » (acquérir un brevet si l'on n'a pas les connaissances informelles suffisantes pour l'exploiter ne sert à rien), ou encore financières (il est impossible de pénétrer un marché compte tenu de la taille des entreprises concurrentes sans avoir au préalable une entreprise de taille critique). On peut donner plusieurs exemples : Polaroïd, entreprise moyenne, est parvenue grâce à un brevet, à rester dominante sur le marché de la photographie instantanée. De même, investir dans le secteur de l'eau nécessite d'avoir déjà une certaine taille pour pouvoir espérer avec les grands comme Suez. D'autre part, il existe des barrières à la sortie : pour redéployer leurs capitaux, les entreprises doivent au préalables convertir leurs investissements en capitaux, ce qui suppose de trouver un acteur spécifique acceptant de racheter des investissements moins rentables (l'Etat, ou rachat par les salariés eux-mêmes), et/ou une dévalorisation des actifs vendus.

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