samedi 9 mai 2009

Qu’est-ce qu’une entreprise ?

L’entreprise est une organisation en vue de produire et de commercialiser des biens ou des services. Une entreprise est une réalité multiforme :
  1. un lieu de combinaison de facteurs de production (capital, travail, consommations) ;
  2. une unité de production au sens où sa contrainte est de créer de la valeur au moyen de cette combinaison ;
  3. un opérateur sur les marchés avec lesquels elle interagit ;
  4. un centre de répartition de revenus éminemment problématique puisqu'il faut décider comment partager ses richesses.
1. L'entreprise est donc tout d'abord un lieu de combinaison de facteurs de production. Une entreprise produit des biens et services à partir de consommations externes (matières premières, énergies, composants divers) et au moyen de l'adjonction de travail au capital. En ce qui concerne le capital, on distingue le capital matériel et technique du capital financier. Le capital financier est la première ressource de l'entreprise. Il est composé du capital propre (c'est-à-dire le capital social apporté par l'entrepreneur et/ou ses associés, et les réserves qui sont les bénéfices de l'entreprise non reversé aux associés sous forme de dividendes) et des emprunts. Avec ce capital financier, l'entreprise va pouvoir se procurer du capital matériel et technique (locaux, matériels, équipements, etc., en comptabilité, on appelle cet ensemble les immobilisations corporelles).

Pour produire, il faut également à l'entreprise du travail qui en pratique désigne des qualifications, ce qu'on appelle le capital humain et le capital intellectuel de l'entreprise. Le travail et le capital sont à la fois complémentaires et substituables. Complémentaires : l'accumulation du capital matériel et technique permet d'accroître la productivité du travail (la mécanisation) ; substituables : le capital technique peut remplacer parfois le travail (l'automatisation).

Enfin, l'entreprise a besoin de consommations externes pour produire. Elles sont appelées "externes" en comptabilité, car elles sont acquises à l'extérieur auprès de tiers. Ces consommations ont pour caractéristiques d'être nécessaires à l'exploitation et d'être utilisées au cours d'un seul cycle d'exploitation. Les économistes les nomment aussi consommations intermédiaires car il s'agit de consommations en vue de fins productives et non de consommations finales (ayant leur propre finalité) comme pour les ménages.

Pour résumer,
l'entreprise peut être comprise comme une fonction de production transformant des
intrants (les facteurs de production) en extrants (les biens et services). Elle a pour objectif principal la production de manière efficiente (obtention de produits au moindre coût) et efficace (obtention de produits conformes à la satisfaction des besoins) de biens et/ou de services.

2. On a vu que l'entreprise combinait des facteurs de production pour produire des biens et des services. Mais elle ne se réduit pas seulement à cette activité physique et matérielle. A ces produits, elle ajoute de la valeur, ce que les économistes appellent
la
valeur ajoutée. On la calcule en faisant la différence entre la production comptable (qui comprend la production vendue constituée du chiffre d'affaire de l'entreprise, de la production stockée et de la production immobilisée) et les consommations externes.

3. En plus de produire de la valeur ajoutée, une entreprise doit aussi
être rentable, c'est-à-dire qu'elle doit créer de la valeur pour les associés de l'entreprise qui apportent des capitaux propres et qui supportent le risque économique et financier lié à son activité. Cette valeur est ce que les financiers appellent la
valeur actionnariale. Elle désigne la part de profit aléatoire qui est reversé aux actionnaires de l'entreprise. Ainsi, la production ne se réduit pas à la fabrication d'un bien, mais elle s'étend à la création de valeur, valeur ajoutée ou financière. Cela signifie aussi que toute activité, qu'elle soit matérielle ou immatérielle (transport, stockage, distribution), dès lors qu'elle est créatrice de valeur, est productive.

La production n'est cependant pas la caractéristique spécifique de l'activité d'une firme. D'autres entités produisent. C'est notamment le cas des administrations (qui produisent des services comme l'enseignement ou les services municipaux) ou des particuliers (qui peuvent produire des légumes dans un potager). En revanche, ces entités ne vendent pas leur production. Le rapport au marché est donc la caractéristique essentielle de l'entreprise. Mieux : une firme n'a d'existence qu'en fonction des marchés . Elle doit satisfaire des besoins, grâce à des produits offerts sur un marché pour répondre à une demande. Par conséquent, elle se trouve dans une situation d'interaction avec les marchés : non seulement ces derniers guident ses choix et conditionnent ses performances, mais elle les influence aussi par ses actions commerciales et participe à la genèse des besoins par le biais de l'innovation. Ses actions sur les marchés peuvent être de deux sortes : des actions de demandes et des actions d'offres. Dans le premier cas, ces marchés sont appelés les marchés d'amont parmi lesquels on compte le marché financier (demande de capitaux), le marché des biens d'équipements (demande d'immobilisations matérielles), le marché du travail (demande de travail) et le marché des approvisionnements (demande de consommations intermédiaires). Dans le second cas, ces marchés sont appelés des marchés d'aval. L'entreprise peut y offrir des marchandises (biens achetés à des tiers et revendus en l'état sans transformation pour les entreprises de négoce) ou des produits transformés (bien et/ou services).

4. Enfin, l'entreprise est un centre de répartition de revenus. Cette répartition peut s'analyser d'un point de vue statique (au cours d'une période donnée) ou d'un point de vue dynamique (d'une période à une autre). Conformément à cette distinction, elle se confronte à deux problèmes : d'une part, le partage statique de la valeur ajoutée entre les salariés, les actionnaires et l'Etat ; d'autre part, le partage dynamique des gains de productivité. Concernant le premier point, le partage de la valeur ajoutée, il faut distinguer trois types de revenus : les salaires (part revenant au personnel), les prélèvements obligatoires (part revenant aux administrations : impôts pour l'Etat et les collectivités locales, charges sociales pour les organismes sociaux) et l'excédent brut d'exploitation (EBE : dividendes pour les associés actionnaires, réserves pour l'entreprise). Concernant le second point, les gains de productivité, il s'agit de deux choses : soit on crée la même valeur ajoutée mais avec moins de facteurs de production, soit on produit plus mais avec le même volume de facteurs. Là encore, l'entreprise répartit ce surplus de richesses entre différents bénéficiaires : les administrations (hausse des impôts et des cotisations), les clients (baisse des prix), les salariés (hausse des salaires), les associés (hausse des dividendes), les fournisseurs (hausse des prix des achats), les prêteurs (hausse des taux d'intérêt) et l'entreprise (hausse de l'autofinancement). Globalement, on estime que ces gains de productivité ont surtout profité dans les années 60-70 aux salariés (hausse des salaires), dans les années 80 aux prêteurs (hausses des taux d'intérêt) et dans les années 90 aux clients (baisse des prix). En dehors de l'évolution de la productivité, d'autres facteurs peuvent influencer le versement de revenus de l'entreprise : l'activité, la part de marché, la pression concurrentielle, la situation des divers marchés sur lesquels elle se présente, etc.

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