dimanche 22 novembre 2009

Les politiques de l’emploi

Les politiques de l'emploi désignent l'ensemble des dispositifs visant à améliorer la situation sur le marché du travail et à lutter contre le chômage.

L'OCDE distingue deux grands types de politiques de l'emploi : les mesures actives et les mesures passives. Les mesures actives visent à favoriser le retour à l'emploi des chômeurs et à développer l'offre de travail, soit de manière directe en créant des emplois ou en délivrant des subventions à l'embauche, soit de manière indirecte au moyen de l'offre de formations. Il s'agit donc du traitement économique du chômage. Les mesures passives renvoient aux dispositifs d'assurance chômage et de cessation anticipée d'activité. Il s'agit ici en revanche du traitement social du chômage.

Les politiques de l'emploi trouvent leur origine dans le développement des systèmes de protection sociale. Les politiques passives se développent dès le début du XXe siècle dans certains pays (la Suède notamment), mais prennent leur essor à la fin de la Seconde guerre mondiale : l'assurance chômage apparaît alors comme un élément de protection sociale. Dans les années 1960, le déclin de certains secteurs industriels incite les Etats à mettre en place des politiques plus actives : création d'agences pour l'emploi (l'ANPE est créée en France en 1967), d'offre de formations et d'intermédiations sur le marché du travail. La dégradation du marché du travail dans les années 1970, suite aux chocs macroéconomiques liés à la montée du prix du pétrole, invite cependant les pouvoirs publics à accroître les mesures ciblées en faveur des chômeurs de longue durée ou des jeunes à faible niveau de qualification, qui connaissent des difficultés pour s'insérer professionnellement.

Suivant cette évolution, la définition conventionnelle des politiques de l'emploi retenue par l'OCDE se concentre sur les politiques en direction de populations spécifiques telles que les chômeurs ou les jeunes, excluant ainsi les baisses de charge ou les interventions juridiques et macroéconomiques. Les politiques de l'emploi sont donc comprises davantage comme des interventions structurelles et ciblées. A partir de la distinction entre mesures actives et mesures passives, l'OCDE distingue classe les dépenses publiques pour l'emploi en deux catégories :

Le taux d'activité de la dépense publique pour l'emploi est alors défini comme le rapport entre la somme des dépenses actives et le total de la dépense.

Cette nomenclature comptable de l'OCDE présente néanmoins certaines limites : si elle permet la comparaison internationale, elle ne rend pas compte de la diversité téléologique des politiques de l'emploi. Il est ainsi possible de proposer une typologie des différents dispositifs selon qu'ils agissent sur :

Enfin, il faut signaler que les politiques de l'emploi suscitent des débats passionnés parmi les économistes quant à leur justification théorique. On peut distinguer grossièrement deux approches : celle des orthodoxes et celles des keynésiens.

Les orthodoxes analysent le marché du travail selon l'identification d'un coût du travail qui s'équilibre selon l'offre et la demande. Ils favorisent donc les mesures fiscales visant à l'incitation au travail, afin d'augmenter l'offre de travail et les mesures de réduction du coût du travail, afin d'augmenter la demande de travail des entreprises. Ces deux types de mesures augmentent l'emploi d'équilibre dans l'économie. Plus généralement, ils sont favorables à une réduction des rigidités du marché (suppression du salaire minimum) et le développement de son efficience (développement de la circulation de l'information).

Les keynésiens mettent l'accent au contraire sur l'intervention de l'Etat en assurant la capacité d'autofinancement des mesures actives destinées à développer l'emploi : l'augmentation du taux d'emploi permet en effet de compenser la hausse des dépenses publiques par la hausse des recettes publiques.

>> Bibliographie :

Christine Erhel – Les politiques de l'emploi, Que-sais je ?, PUF, 2009.

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3 commentaires:

  1. D'un point de vue Keynésien, cela se traduit-il par une augmentation de la demande globale ?

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  2. Oui, l'analyse keynésienne considère que le salaire n'est pas seulement le prix d'un travail, mais aussi le revenu d'un consommateur. Par conséquent, une politique de l'emploi du type salaire minimum contribue à augmenter la demande globale.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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