En situation de concurrence parfaite, le travail est un facteur de production homogène : les différents individus sont considérés comme parfaitement identiques en ce qui concerne leurs qualifications et leur productivité. Les entreprises sont donc indifférentes à la personnalité des travailleurs embauchés et ne prennent en considération que la quantité et le prix du travail. Comme dans tout marché servant de base à l'analyse classique : l'information est parfaite, le salaire est fixé indépendamment de l'employeur et de l'employé en fonction d'un prix d'équilibre et il existe une totale liberté d'entrée et sortir du marché.
Selon cet angle de vue quantitatif, l'offre de travail englobe l'ensemble des individus en âge de travailler qui exercent ou cherchent à exercer un emploi, autrement dit la population active (27 millions d'individus). La population active comporte la population active occupée et la population active inoccupée. La population active occupée désigne l'ensemble des individus ayant un emploi. La population active inoccupée renvoie à l'ensemble des individus qui sont au chômage, c'est-à-dire qui sont en situation de recherche d'emploi.
La quantité d'offre de travail dépend du taux d'activité de la population, c'est-à-dire du rapport entre la population active et la population totale. Cette quantité de travail disponible dépend de données démographiques (mortalité, natalité, immigration, arrivée d'une classe d'âge en fin de formation) et des évolutions sociologiques (durée du temps de travail, travail des femmes, accroissement de la durée de formation, retraite anticipée, etc.).
Trois phénomènes sont particulièrement à retenir ici : la féminisation, la baisse d'activité des jeunes et des séniors et la diminution de la durée de travail. En 2003, 63,4% des femmes de 15 à 64 ans sont actives, contre seulement un peu plus d'une sur deux en 1975, ce qui montre la féminisation continue de la population active. Cette féminisation tend néanmoins à se stabiliser. La baisse du taux d'activité des plus jeunes (15-24 ans) est principalement due à l'allongement des études. La baisse du taux d'activité des séniors (50 et +) est un phénomène qui s'explique par l'abaissement de l'âge de la retraite dans les années 80 et par la mise en place des préretraites. Quant à la diminution du temps de travail, elle s'explique par l'accroissement de la productivité conjuguée avec les avancées sociales (congés payés, réduction du temps de travail légal, etc.). Alors qu'en 1870, une personne employée en France travaillait 2945 heures par an, en 1998, elle travaille 1503 heures, soit deux fois moins.
Il faut distinguer le taux d'activité du taux d'emploi qui lui est le rapport entre la population active occupée (la part de la population ayant un emploi) et la population totale. Le taux d'emploi dépend en grande partie de la configuration du marché du travail (salaire minimum, niveau des prestations sociales, etc.).
L'explication des blocages au fonctionnement du marché du travail invite à considérer le facteur travail comme un bien non homogène, c'est-à-dire sous un angle plus qualitatif. Contrairement à ce que postule l'analyse classique du marché du travail, l'employeur n'est pas indifférent aux qualifications du candidat qu'il cherche à recruter. Un travail nécessite des compétences, et donc des qualifications particulières. Un premier moyen pour l'employeur d'avoir une idée sur les qualifications d'un candidat est son niveau de diplôme. Il peut également prendre en considération les expériences professionnelles du candidat qui sont d'autres sources de savoir-faire. Il faut noter que le niveau de qualification augmente : 13% des jeunes sortent du système scolaire sans diplôme en 2004 contre 21% en 1990).
L'approche qualitative du marché du travail peut également se faire en distinguant les catégories socioprofessionnelles. Ces catégories regroupent des individus qui partagent des caractéristiques communes telles que la profession ou le niveau de revenu. On distingue ainsi les employés (30% de la population active en 2002), les ouvriers (27%), les professions intermédiaires (21%), les cadres et professions intellectuelles supérieures (14%), les artisans commerçants (6%) et les agriculteurs (2%). Cette catégorisation permet de mettre en avant un phénomène de tertiarisation de l'emploi depuis les 20 dernières années puisque ce secteur qui désigne les services occupe 75% de la population active. Cette tertiarisation se fait au détriment du secteur primaire (agriculture) et secondaire (industrie). Ce phénomène est due d'une part, à la mécanisation et aux gains de productivité, et d'autre part, à l'essor de l'activité des services. De surcroît, cette catégorisation permet de montrer que certaines catégories socioprofessionnelles sont davantage féminisées : c'est le cas des employés, où les femmes représentent plus des trois quarts des effectifs et des « professions intermédiaires » avec près de la moitié de femmes.
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