lundi 29 juin 2009

Les théories de la croissance

La croissance économique désigne l'augmentation de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée. Elle est mesurée au moyen du Produit Intérieur Brut (PIB) soit « en volume », soit « à prix constants » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration du niveau de vie.

Joseph Schumpeter développe la première théorie de la croissance sur une longue période. Dans La théorie de l'évolution économique (1913), il étudie le rôle de l'entrepreneur dans les processus d'innovation. Selon lui, les innovations apparaissent par grappes, ce qui explique la dimension cyclique de la croissance économique. Comme exemple de grappes d'innovations, on peut mentionner les transformations du textile et l'introduction de la machine à vapeur responsables du développement économique des années 1798-1815, ou le chemin de fer et la métallurgie pour l'expansion de la période 1848-1873. De façon générale, Schumpeter retient trois types de cycle économique pour expliquer les variations de la croissance : les cycles de Kondratieff (50 ans), les cycles de Juglar (10 ans) et les cycles Kitchin (3 à 4 ans). Schumpeter est à l'origine de l'idée de destruction créatrice qui désigne le remplacement du modèle productif ancien par le nouveau modèle fondé sur les innovations.

Après la seconde guerre mondiale, les économistes Harrod et Domar, influencés par Keynes, vont chercher à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut être durable. Le modèle de Harrod-Domar montre que l'équilibre de la croissance dépend d'un taux précis qui est fonction de l'épargne et du coefficient de capital de l'économie. Comme la croissance dépend de décisions individuelles, il peut s'écarter de ce taux. En outre, quand elle est inférieure à ce taux, la croissance va avoir tendance à s'éloigner davantage en raison du multiplicateur d'investissement. La croissance se trouve donc toujours sur le fil du rasoir. On peut souligner cependant une limite à ce modèle : le taux d'épargne et le coefficient de capital sont supposés constants à court terme.

Le modèle de croissance de Robert Solow constitue une référence de base dans les modèles économétriques de la croissance utilisée pour l'analyse et la décision économique. Il s'agit d'une synthèse néoclassique qui repose sur une hypothèse de rigidité des prix à court terme (Keynes) et sur une hypothèse de parfait ajustement des prix à longs termes (théories classiques). Solow utilise une fonction de production relativement simple où la production résulte de deux facteurs de production : le capital et le travail. A partir de là, il établit trois façons possibles d'augmenter la production : par l'augmentation du volume de capital productif, par l'augmentation du travail utilisé, ou bien par la combinaison des deux.

Il faut distinguer dans le modèle de Solow deux perspectives : à court terme et à long terme. A court terme, il existe un sentier de croissance équilibré qui dépend seulement du capital intégré à la production (peu de capital implique peu de production et inversement). A l'équilibre, ce volume de capital génère une épargne efficace qui maximise la production. En outre, ce taux est stable, sinon soit le taux d'intérêt augmente ce qui augmente le taux d'épargne, soit il baisse et le taux d'épargne diminue. Au contraire à long terme, le sentier de croissance équilibré est défini non pas par l'épargne, mais par l'évolution de la production et de la consommation. Cette évolution dépend alors du volume de travail et de l'efficacité des combinaisons des facteurs de production (travail et capital). Ainsi la croissance va dépendre, d'une part de la croissance démographique qui va augmenter la quantité de travail, et d'autre part, du progrès technique, qui correspond à une plus grande efficacité de la fonction de production. A partir de là, on calcule le sentier de croissance de l'économie nationale. En France, il est estimé à environ 2,25 % par an.

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