samedi 11 juillet 2009

L’école classique

L'école classique désigne le courant de pensée économique contemporain de la révolution industrielle et qui s'étend de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle. Les principaux auteurs de ce courant sont anglophones, il s'agit d'Adam Smith (1723-1790), de Thomas Robert Malthus (1766-1834) et de David Ricardo (1772-1823). En France, le représentant le plus célèbre de ce courant est Jean-Baptiste Say (1767-1832). Fondatrice de l'économie politique en tant que discipline autonome, l'approche classique met l'accent sur le rôle moteur de l'intérêt individuel, elle confère au marché un rôle de régulateur et défend le principe de laissez faire et de libre concurrence.

Il faut cependant souligner qu'aucun économiste n'a reconnu de son vivant appartenir au courant classique. Il s'agit en réalité d'une catégorie d'histoire de la pensée économique telle qu'ont pu la pratiquer Karl Marx ou John Maynard Keynes. Selon le point de vue que l'on prend, il existe des définitions différentes de l'école classique. Pour Marx, l'école classique représentée par Adam Smith s'oppose à l'économie vulgaire de Malthus, en ce que la première relève de la science et l'autre de l'idéologie. L'élément scientifique de l'économie classique consiste à voir la valeur des marchandises comme étant égale à la quantité de travail nécessaire à la production de ces marchandises (théorie de la valeur travail). Pour Keynes, l'école classique n'est en fait qu'un cas particulier (valide seulement en situation d'équilibre de plein emploi des ressources) de la théorie générale qu'il propose.

L'école classique s'efforce principalement de comprendre les ressorts du capitalisme et notamment sa dynamique qui, à travers l'emploi du travail salarié régulé par le marché, doit permettre d'aller vers l'enrichissement de toute la société. La richesse est définie par les classiques comme un surplus qu'on accumule. Elle est produite par le travail grâce à une mise en valeur de la terre et du capital. Elle dépend donc de l'accroissement de la productivité (quantité produite divisée par les moyens mis en œuvre pour l'obtenir). Il y a là un infléchissement par rapport à l'analyse des Physiocrates qui réduisaient la production de la richesse à la terre seule. Les classiques reprennent aux Physiocrates, hormis la même méfiance vis-à-vis de l'intervention étatique, l'idée qu'il existe des lois naturelles de l'économie. Ces lois ne sont cependant pas transcendantes, mais immanentes. Pour les mettre en évidence, il faut en passer par l'observation des faits et non uniquement par des raisonnements abstraits.

Une grande partie des concepts fondamentaux et des principes de l'économie classique ont été énoncés par Adam Smith dans De la richesse des nations (1776). Fortement opposé aux mercantilistes, Smith fait valoir que la libre concurrence et le libre échange, s'ils ne sont pas entravés par l'intervention des pouvoirs publics, sont mieux à même de réaliser la croissance économique. Il introduit notamment le thème de la main visible selon lequel c'est la recherche individuelle du gain qui garantit l'enrichissement général. L'Etat garde certaines fonctions économiques : il doit limiter les excès liés à la liberté individuelle et créer un cadre social et économique bénéfique à l'épanouissement des intérêts particuliers. Il peut également agir sur les taux d'intérêt, les conditions d'accès au crédit ou intervenir au moyen de l'impôt. Mais en dehors de cette action sur le cadre général du fonctionnement de l'économie, la communauté nationale s'enrichit davantage si chacun de ses membres suit son propre intérêt, que si l'Etat intervient directement dans l'économie en faveur de l'intérêt général.

Thomas Robert Malthus est un pasteur anglican connu pour sa théorie de la population que l'on retrouve dans son Essai sur le principe de population (1798). Cette théorie montre qu'il existe une contradiction entre la croissance de la population et la croissance de la production. Si la première suit une progression géométrique (1, 2, 4, 8, 16), la seconde suit une progression moindre d'ordre arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6). Cette contradiction aboutit à un risque permanent de surproduction et donc de misère des travailleurs. Pour cette raison, Malthus se prononce en faveur de la suppression des Poor Laws (lois visant à aider les pauvres qui date de 1795) parce qu'elles ont une valeur incitative à la procréation.

David Ricardo est un attentif lecteur et critique d'Adam Smith. Son problème consiste à découvrir quelles sont les lois qui régissent la répartition des revenus entre les classes sociales, c'est-à-dire la rente, le profit, le salaire, respectivement les revenus du propriétaire foncier, du capitaliste et du salarié. Il aboutit de cette manière à la théorie de la valeur travail qui s'énonce ainsi : les marchandises s'échangent à proportion des quantités de travail nécessaire à leur production. Par exemple, si un stylo vaut deux crayons à papier, cela signifie qu'il faut deux fois plus de travail pour produire un stylo que pour obtenir un crayon à papier. Cette théorie de la valeur travail a un pendant en économie internationale : la théorie des avantages comparatifs. Selon cette théorie, un pays qui se spécialise dans la production pour laquelle il détient un avantage relatif (à un autre pays), non seulement ne perd pas à échanger, mais en plus permet d'accroître les richesses globales liées au commerce international. Cela tient au fait que les coûts de production liés au travail étant différents d'un pays à l'autre, la spécialisation internationale apporte à chaque pays un avantage relatif dans la production pour laquelle soit son avantage est le plus grand, soit son désavantage est le moindre.

Jean-Baptiste Say expose quant à lui la loi des débouchés dans son Traité d'économie politique (1803). Elle s'énonce ainsi : « les produits s'échangent contre les produits ». Cette phrase sibylline signifie que tout niveau de production globale engendre des revenus de même valeur, ce qui rend la surproduction impossible. En d'autres termes, l'offre crée sa propre demande. Dans cette perspective, la monnaie n'est qu'un « voile » qui recouvre un troc. Cette formule est la base de la théorie quantitative de la monnaie, théorie classique qui considère la monnaie comme un élément neutre. Cette théorie est notamment critiquée par Keynes qui montre que la monnaie peut être désirée pour elle-même.

3 commentaires:

  1. Votre texte est très riche ! En tout cas merci pour ces informations !!!

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  2. très bon document $ais je crois que c'est plutôt la "main invisible d'Adam Smith"

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