Il est important de considérer ensemble l'investissement et la croissance, car toutes les théories économiques analysent l'investissement comme le principal facteur de croissance. En revanche, elles s'opposent toutes sur la manière dont la croissance agit. Son action peut se faire sur deux plans : sur l'offre et sur la demande.
L'investissement agit tout d'abord sur l'offre de trois manières : il permet l'augmentation du capital et donc des capacités de production, il favorise l'innovation et il accroît la productivité. Ce sont les économistes de l'offre (Thomas Gilder ou Arthur Laffer) qui mettent l'accent sur l'effet d'offre de l'investissement (ils reprennent la loi des débouchés de Say selon laquelle l'offre crée sa propre demande). Concernant l'innovation, il s'agit d'une idée de Schumpeter : l'investissement en permettant d'introduire l'innovation engendre la croissance d'une économie. L'entrepreneur qui innove dispose d'un monopole qui lui permet d'établir des prix élevés et d'engranger des profits jusqu'à ce qu'il soit imité par ses concurrents. Une fois le monopole brisé, charge à lui de relancer ses profits par une nouvelle innovation, ce qui engendre un cercle vertueux de croissance. On remarque en effet que les taux de croissance les plus élevés sont ceux des pays où la R&D est forte. Enfin, dans les modèles théoriques de croissance (Solow ou Harod et Domar), l'investissement joue un rôle clef dans la productivité, grâce notamment à son effet sur le progrès technique. Et dans les nouveaux modèles théoriques de la croissance endogène (Romer, Lucas ou Barro), l'investissement public améliore la productivité du secteur privé lorsqu'il est dirigé vers le développement du capital humain et technologique.
L'investissement stimule aussi la demande. Le fait que l'investissement agisse surtout sur la demande pour être facteur de croissance, est une idée surtout keynésienne. Cette stimulation peut se faire de trois façons : grâce au multiplicateur keynésien, au moyen du principe de l'accélération ou par le biais de l'oscillateur de Samuelson. D'après le multiplicateur keynésien, une augmentation de l'investissement entraîne une variation amplifiée du revenu national. Un accroissement de l'investissement va engendrer des ondes successives de revenus et de dépenses. Cette dépense du revenu va se faire à différentes étapes selon la propension marginale à consommer. Par conséquent, une hausse de l'investissement va se traduire par une augmentation des revenus qui va suivre une progression géométrique. Il faut cependant que le taux d'intérêt soit inférieur à l'efficacité marginale du capital pour que les entrepreneurs soient incités à investir. Le principe d'accélération énoncé par John Maurice Clark affirme qu'une variation de la demande finale induit une variation plus que proportionnelle de l'investissement. C'est en effet la croissance de la demande qui engendre comme réponse un investissement. Il y a donc un décalage dans le temps qui entraîne des vagues d'investissement plus amples que la consommation. Enfin, l'oscillateur est un modèle économétrique qui utilise conjointement les effets multiplicateurs et accélérateurs de l'investissement. Il a été réalisé par Samuelson. Son principe est qu'une augmentation autonome de l'investissement, au moyen d'une augmentation du revenu suivant le mécanisme du multiplicateur, va entraîner un besoin d'équipements des entreprises qui se traduit par un nouvel investissement sur le principe, cette fois, de l'accélération. Ce nouvel investissement génère ensuite un cercle qui fait naître un nouvel effet de multiplication, suivi d'un nouvel effet d'accélération.
En conclusion, l'investissement est une clef essentielle de la croissance : il joue à la fois sur l'offre et la demande qui sont les deux principaux déterminants de la croissance. Son impact est cependant conditionné à plusieurs variables. Tout d'abord, aux déterminants qui vont influencer la décision d'investissement : mimétisme, taux d'intérêt, taux de profit, débouchés, etc. Ensuite au décalage temporel : un laps de temps s'écoule de la décision d'investir à son impact réel sur la croissance. En outre, l'investissement ne bénéficie pas toujours à l'emploi puisqu'il faut distinguer l'investissement de capacité (augmentation de la capacité de production entraînant une création d'emploi) et l'investissement de productivité (pouvant conduire à une substitution du travail par le capital). De plus, il existe un chômage d'ajustement lié aux mutations économiques des secteurs d'activité en fonction des grappes d'innovation. Enfin, un investissement nécessite des capacités de financement, une épargne disponible et un endettement limité de l'Etat et des ménages.
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