L'industrie en France occupe 13 % de la population active, soit un peu plus de 3,3 millions de personnes. Elle est marquée par un double repli : une diminution de l'emploi industriel (en 2000, l'industrie occupait 16 % de la population active) et une dégradation de ses performances relatives à celles de ses principaux partenaires économiques, au premier titre desquels il faut placer l'Allemagne. Le tissu industriel français se caractérise également par un éparpillement des entreprises de taille intermédiaire et un faible investissement dans la R&D privée.
Passant de 2000 à 2008 de 16 à 13 %, alors même que dans le même temps la population active était en augmentation de 6 %, la population active industrielle accuse un net recul en termes d'effectifs. Ce recul touche davantage la France que les autres pays européens puisqu'en dix ans, le ratio emploi industriel sur emploi total est en recul de 14 % dans l'Union européenne et en Allemagne, 12 % en Italie, alors qu'il est de 19 % en France. Cette diminution affecte tous les secteurs d'activité mais dans des proportions variables : les secteurs des biens de consommation (23 %), de l'automobile (16 %) et des biens intermédiaires (15 %) sont plus affectés que la moyenne, alors que les secteurs des biens d'équipement (8 %), de l'énergie (8 %) et de l'agroalimentaire (3 %) le sont plutôt moins. Une analyse plus fine permet néanmoins d'identifier un seul secteur créateur d'emploi : celui de la « pharmacie, parfumerie et entretien ».
En ce qui concerne les performances de l'industrie française, celles-ci accusent un net retard par rapport à ses principaux concurrents. Le secteur manufacturier en France représente environ 16 % de la valeur ajoutée, alors que la moyenne de la zone euro est de 22 % et le secteur manufacturier allemand représente 30 % de la valeur ajoutée produite par le pays. La croissance de la valeur ajoutée industrielle française est de 4 % depuis 2000, contre 14 % pour l'ensemble de l'économie nationale. Elle est inférieure à celle de la zone euro (13 %) et à celle de l'Allemagne (16 %). La France reste cependant le deuxième exportateur européen de produit manufacturé (derrière l'Allemagne) et le cinquième exportateur mondial. Ce sont les secteurs de l'automobile et des biens d'équipement qui sont particulièrement tournés vers les marchés extérieurs (la moitié de leur chiffre d'affaire est réalisé à l'exportation). Le secteur automobile réalisait d'importants excédents jusqu'à 2004, où il amorce une chute pour atteindre un solde négatif pour la première fois en 2008. La balance commerciale de l'industrie a connu de 2000 à 2006 des légers excédents, mais est déficitaire depuis 2007. Or depuis 2000, le solde de l'Allemagne sur les échanges de produits manufacturés ne cesse de s'améliorer et a même atteint en 2008 plus de 270 milliards d'euros. Le ratio exportations françaises/exportations allemandes est en nette baisse : les exportations françaises représentaient en 2000 un montant équivalant à 56 % des exportations allemandes, elles n'en représentent plus que 37 % en 2008.
L'un des problèmes structurels de l'industrie française est la faiblesse de la rentabilité de ses entreprises, ce qui limite leur possibilité d'accéder à des financements. Or ces financements sont essentiels pour permettre de développer de nouveaux projets et d'améliorer la compétitivité des industries.
En ce qui concerne l'investissement en R&D, il est courant de souligner la faiblesse des niveaux français rapportés aux niveaux étrangers. En 2006, la France a consacré à la R&D 1,9 % de son PIB (38 milliards de dollars), alors que l'Allemagne y consacre 2,4 % (67 milliards de dollars). La France se caractérise également par un niveau important de R&D publique et par un faible niveau de R&D privé. Par ailleurs, la croissance des dépenses en R&D de la France est inférieure aux moyennes mondiale et européenne en 2008. Dans le monde, ces dépenses ont augmenté de près de 7 % (dont 40 % en Chine, 8 % en Europe), alors qu'en France leur augmentation n'a été que de 0,7 %.
Dépenses de R&D par rapport au PIB (2006) | |
Japon | 3,5 |
Etats-Unis | 2,5 |
Allemagne | 2,4 |
OCDE | 2,1 |
France | 1,9 |
Union européenne | 1,7 |
Royaume-Uni | 1,3 |
Il reste que la stagnation des dépenses de R&D des entreprises de manière globale a une incidence sur la capacité de la France à influencer les normes techniques internationales. Le niveau de prise de responsabilité de la France dans les travaux de normalisation internationale a ainsi régressé depuis 10 ans pour s'établir à la moitié de celle de l'Allemagne. La France accuse également un retard en termes de dépôts de brevets, même si elle reste le deuxième pays européen en la matière et le cinquième au niveau international. Le nombre de dépôts de demandes de brevet émanant des entreprises françaises a néanmoins augmenté de 1,6 % entre 2007 et 2008 pour s'établir à plus de 12 300. Enfin, la R&D est surtout destiné à l'industrie manufacturière (pour 85 %), quatre secteurs concentrent l'essentiel de cette ressource : l'automobile, la pharmacie, les matériels et composants électroniques et la construction aéronautique et spatiale.
La France compte peu de grandes entreprises dans les secteurs innovants en partie à cause de sa difficulté à faire grossir ses jeunes entreprises. Seul 10 % des 100 premières entreprises françaises ont moins de 30 ans, alors que cette proportion est de 40 % aux Etats-Unis. La France comporte trop d'entreprises et de trop petite taille, et le tissu industriel accuse un déficit d'entreprises de taille intermédiaire (ETI : entre 250 et 5000 salariés). Or ce sont justement ces entreprises qui font la force de l'industrie allemande parce qu'elles détiennent une taille suffisante pour innover et exporter (la proportion des ETI dans l'ensemble des entreprises de plus de 20 salariés est de 5,9 % en France contre 6,6 % en Allemagne et 7 % au Royaume-Uni). Les causes en sont multiples : un défaut de financement (déjà souligné, d'où la mise en place en 2005 d'Oséa, société chargée de proposer des financements aux PME), mais aussi une faiblesse des effets d'agglomération (d'où le lancement en 2004 des pôles de compétitivité pour former des clusters d'activité), des effets de seuils sociaux, ou encore une insuffisante culture technique.
Bibliographie
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