jeudi 14 mai 2009

La division du travail

La division du travail a été mise en évidence par l'économiste écossais Adam Smith. La division du travail consiste à organiser la production en différenciant et en spécialisant les tâches entrant dans un processus de fabrication. Cette organisation permet notamment d'augmenter grandement la qualité des biens produits, ainsi que la productivité. Elle suppose cependant une donnée économique structurelle : une demande accrue pour que les biens produits soient écoulés.

On distingue ordinairement deux types de division du travail :

  • une division verticale : elle consiste à séparer les différentes opérations d'un processus de production en tâches élémentaires. Cette division correspond à l'exemple de « la manufacture d'épingles » analysé par Smith, où l'organisation se fait selon un système d'usine et conduit au développement de processus mécanisés de production ;
  • une division horizontale : il s'agit cette fois d'une spécialisation dans des activités spécifiques de production. L'exemple cité par Smith est celui de la région alors pauvre des « Highlands d'Ecosse ». Elle conduit contrairement à la division verticale à un enrichissement du capital humain mis en œuvre dans la production.

La division verticale du travail est rarement invoquée comme la cause du développement du machinisme. Ordinairement, l'histoire des faits économiques présente la réunion de la masse de main d'œuvre dans une usine comme la conséquence du machinisme. Parce que les machines à vapeur nécessitent autour d'elles un grand nombre d'ouvriers, on suppose que c'est l'innovation technique qui a permis l'innovation organisationnelle. Pourtant c'est le contraire. C'est grâce à une organisation du travail qui simplifie en tâches élémentaires le processus de production, qu'il est ensuite possible de penser la création de machines capables de les effectuer. Ainsi les grands économistes comme Smith (et plus tard Marx et Babbage) donnent la primauté à l'innovation organisationnelle sur l'innovation technique. C'est le système d'usine qui rend possible la machine.L'économiste néo-keynésien Axel Leijonhufvud montre également (« Capitalism and the Factory System », 1986) que la production en usine est une innovation organisationnelle qui peut intervenir sans l'innovation technique. Pour produire le même bien, on peut adopter deux systèmes d'organisation : le système artisanal et le système d'usine. Dans le premier, chaque artisan travaille à son rythme sans se soucier des autres artisans, mais il faut à chacun le même nombre d'outils nécessaire à l'ensemble du processus de production. Dans le second, en revanche, il faut réaliser la synchronisation des tâches, donner à chacun un seul outil et le situer à un moment précis du processus de production. Lors du passage du premier au second, on réalise une innovation organisationnelle : on garde le même nombre de travailleurs, mais on réduit le nombre d'outils nécessaires et on économise sur l'oisiveté des fonds (en capital productif, car un outil est utilisé constamment par le même artisan ; en travail, car l'ouvrier perd moins de temps à changer d'activité). Pourtant la technique de production est restée la même, on a juste changé l'organisation du travail. En contrepartie cependant, le capital humain des ouvriers s'est appauvri (la tâche réalisée par l'ouvrier est simplifiée et répétitive).

Il reste à évoquer la division horizontale du travail. Dans La richesse des nations, Adam Smith prend l'exemple des Highlands d'Ecosse. Dans cette région pauvre, les paysans vivent de manière autarcique et sont donc amenés à réaliser eux-mêmes les activités de boulanger, de brasseurs et de boucher en plus de leurs activités agricoles. Mais suite à un enrichissement dû à une succession de bonnes récoltes, le développement économique produit, remarque Smith, une division horizontale du travail. Comme cet enrichissement provoque une hausse de la demande, certains paysans vont se spécialiser dans la production d'une denrée : le pain, la boucherie ou la bière. Ainsi apparaissent les boulangers, les bouchers et les brasseurs qui se spécialisent dans une activité précise et abandonne leurs activités agricoles. Contrairement à la division verticale, leur capital humain s'en trouve enrichi : comme ils se consacrent à une seule activité, ils acquièrent une compétence plus importante que celle mise en œuvre par le paysan vivant en autarcie. Ils doivent fournir un produit et un service de meilleure qualité à partir d'un savoir-faire enrichi.

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